Albert Dupontel : “J’ai conscience que le quotidien n’a aucun sens et que seul l’amour peut lui en donner un”

Albert Dupontel est recemment a Montpellier Afin de dialoguer avec des etudiants en cinema.

Le realisateur cesarise et comedien populaire se confie sur son art et sa vision de l’univers.

Ils font pile vingt-cinq ans, vous sortiez “Bernie” et inventiez avec lui un genre : le cartoon social, dont vous etes forcement le maitre…

Franchement ? On n’invente que dalle. Notre cinema a desormais plus d’un siecle, on ne va jamais pretendre y inventer grand-chose… du reste, moi, je ne me vois gui?re comme un inventeur, certainement jamais !

Neanmoins, c’est avec votre film (culte) que le cartoon social prend une forme cinematographique…

Comme je disais aux etudiants que j’ai rencontres avant vous (*), on est tous habites via des nevroses, des ressentis ou des commentaires sur l’epoque qu’on traverse. Le monde dont je cause, c’est celui que je ressens. Apres, j’essaie d’en rendre compte sous une forme distrayante, que votre soit dans l’emotion, la grandiloquence… ou une certaine rusticite. Neanmoins, au fond, je raconte forcement un brin la meme histoire : en gros, la difficulte de s’aimer dans un monde repressif et anxiogene.

Cette forme tient un tantinet de l’oxymore entre le idee sociale et le moyen cartoonesque…

Au moment oi? j’ai debute au cinema, je sortais du spectacle. Notre cartoon etait une facon de m’exprimer, celle qui me mettait a l’aise a l’epoque, tres rustique, tres brutale, tres radicale… J’avais la trentaine… Ensuite, la phrase de Nietzsche s’est imposee a moi : “Vieillir, c’est savoir l’art une nuance”.

Apres, quand on ouvre une porte, on en decouvre deux, et ainsi de suite. Ce qui avait debute comme un matine de Charlie Chaplin, des Monty Python, de Taxi Driver ainsi que la bande dessinee a la Gotlib (un type tres important me concernant) s’est elargi peu a peu.

Qu’est-ce qui vous plait tellement dans la fable ?

Je chope qu’en passant par la metaphore, on parvient quelquefois a atteindre mieux sa cible. J’ai realite, vous l’avez tout le temps sous les yeux, a Notre television, Internet, YouTube, la videosurveillance… Par la fable, on ne se contente aucun montrer, on suggere des choses de maniere plus ou moins adroite mais il me semble que Notre Fontaine percute plus que des commentaires de l’epoque, que pourquoi pas Michelet.

N’est-ce gui?re aussi une maniere de pudeur que votre expression ?

Balzac disait qu’il y avait deux facons d’ecrire : soit on restitue la realite, soit on l’exprime. Je prefere indubitablement exprimer la realite, tout en ayant beaucoup d’admiration Afin de ceux qui savent la restituer brillamment tel Ken Loach ou Ingmar Bergman, comme. Le desequilibre, le vertige dans lequel me plonge la realite ne pourra bouger que sous votre forme-la.

Albert Dupontel. en bref

De son vrai nom Philippe Guillaume, Albert Dupontel reste ne le 11 janvier 1964 a Saint-Germain-en-Laye. Cela se destine d’abord a J’ai medecine comme sa famille mais il s’fait suer et abandonne pour le theatre aupres d’Yves Pignot, d’Antoine Vitez et tres brievement d’Ariane Mnouchkine.

En 1990, il se lance au one-man-show et explose grace au soutien de Canal + d’une part et de Patrick Sebastien d’autre part. Mais c’est le cinema qu’il prefere par-dessus tout.

Comme acteur, il brille pour Audiard, Noe, Jeunet, Blier, Boukhrief, Becker, Valette, Kervern & Delepine… Comme realisateur (et acteur), il signe sept films dont les reellement cultes Bernie et Le Createur, les fort populaires 9 mois ferme et Adieu les cons , ainsi, le chef-d’?uvre Au-revoir la-haut.

Certains vous disent detache de l’univers mais au fond, nullement du tout !

J’suis totalement immerge dedans. Mes films paraissent des histoires d’amour deguisees, ils renferment un message entre guillemets, politique, ou plutot apolitique. Notre prochain sera tres clair sur votre point-la.

Je parle de la difficulte de s’aimer dans un monde repressif et anxiogene

Dans pas de de ces films vous prenez le angle d’approche de ce “bon cote du manche”, mais preferez toujours celui de la pelle, qu’on envoie dans la tronche ou qu’on se prend…

Je suis du cote des personnes qui souffrent parce que je suis sensible a cela. Je lis en ce moment Ailleurs de Gerard Depardieu qui, non content d’etre un acteur de genie, reste aussi un auteur brillant. Il y raconte que Afin de lui, la veritable violence, c’est le i?tre capable de, ainsi, il a cent fois raison.

Notre violence, c’est le pouvoir, celui qu’on a i  propos des personnes, que ce soit par la seduction, l’argent, la force, la hierarchie… L’amour reste une protestation contre cette violence. Tant qu’on est en mesure de s’aimer, c’est tenable.

On evoque que les grands auteurs font forcement le aussi film ?

Completement, aussi si l’adjectif “grand” me semble excessif me concernant ! Comme je site rentable dis, j’suis redondant et nevrotique, ainsi, je l’assume (faute de pouvoir faire autrement). Juste, avec moyen, l’experience, le travail de l’ecriture, le renfort d’une equipe fidele et formidable, on ameliore votre film !

On accede a votre nuancier plus riche et subtil… Je ne serais jamais sincere si je refaisais Bernie aujourd’hui. On doit respecter votre qu’on est et accepter qu’une fois que c’est fait, c’est fond, on ne le refera plus.

J’habite redondant, nevrotique et je l’assume (faute de pouvoir faire autrement)

Avez-vous conscience d’une part grandissante d’la tendresse dans votre ?uvre ?

J’ai vieilli, j’ai des enfants. J’ai conscience que la vie n’a aucun sens et que seul l’amour peut lui en donner un. Et quand je dis l’amour, c’est l’amour du genre humain, c’est l’amour de ce que nous sommes, c’est comprendre nos autres…

Notre seule intelligence, disait Henri Laborit, c’est de savoir fuir les mecs qui vous font des difficultes, de les deviner… il convient bon nombre d’intelligence pour aimer. Mais c’est la meilleure facon de donner un sens a tout ca, au fait qu’on soit la sans savoir d’ou l’on vient, ni ou l’on va.

Il y a l’emotion qui va croissant dans votre ?uvre et la presence des femmes.

Les femmes me permettent d’exprimer une virilite que je ne parviens pas a exprimer ! Mes hommes et ces dames ne peuvent jamais s’epanouir des uns sans les autres, ainsi, je ne cause jamais evidemment de reproduction, mais d’accomplissement intellectuel.

Ces dames sont infiniment plus subtiles que nous, mon areopage de production reste exclusivement feminin, les meilleurs lecteurs seront des jeunes femmes… Du reste, c’est prouve que l’actrice reste plus intelligente que l’homme. Lui est encombre par sa testosterone qui le rend cretin, combatif, destructeur ! Mais c’est vrai que ca diminue quand on vieillit. On a moins besoin de coups de pelle ! Savez-vous votre que Bunuel a devoile di?s qu’il reste devenu impuissant ? Cela a dit : “Ouf” !

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